Plaque funéraire HUMANITE YVELIN

Restauration de la plaque funéraire d’Humanité Yvelin (1794-1855), médecin et adjoint du maire Jean-Baptiste Dupont.


Durant de nombreuses années, les Sucéens se rendant au cimetière y trouvaient, le long de la petite bâtisse servant aux employés municipaux, une grosse plaque de fonte posée le long de ce mur

.

Cette plaque intriguante a toujours attiré l’attention et elle fut même prise en photo vers 1980 alors qu’elle était encore sur une tombe abandonnée. A l’époque, cette lourde plaque de fonte était accompagnée d’une autre plus petite et plus légère. C’est son poids qui lui a valu de rester sur place lorsque la tombe "HUMANITE YVELIN" disparaîtra.


photo Marie Blouin

Mais, qui se cache sous ce nom de Yvelin ? Le premier de ce nom, qui arriva à Sucé un peu avant la Révolution, était le père de notre défunt. Il se déclara sous le nom de Jean-François d’YVELIN de ROCHEFORT, chevalier, Seigneur dudit lieu, chirurgien de profession. C’est sous ce nom qu’il est mentionné dans l’acte de baptème de son premier fils François-Sébastien le 22 septembre 1789.

Rapidement, il adopte le parti révolutionnaire dans lequel il se fait remarquer sous le nom de Yvelin, tout simplement, qui sied mieux aux idées qu’il défend. Il progresse rapidement dans le sillage de Chambert, le premier maire de Sucé. Il est déjà scrutateur lors des élections de janvier 1792, sa position de chirurgien lui permettant d’être à la fois l’œil de l’équipe de Chambert et d’être accepté par les « conservateurs ».

Il supplantera Chambert à la tête des républicains et sera nommé maire le 11 février 1793, dans une période bien difficile.

Lorsque François Bonraisin lui succèda, il resta influent dans la commune et présida notamment le Comité sucéen de surveillance, tout puissant et redouté à juste titre.

Dans le cadre du nouveau culte républicain, il demanda le premier baptème laïc de Sucé le 17 février 1794, pour son fils nouveau né qu’il appellera Humanité, en rupture totale avec la religion traditionnelle. Ses parrain et marraine sont son frère et sa soeur et toute l’élite républicaine de Sucé signera l’acte rédigé par l’officier d’état civil Julien Ploteau.

Jean-François YVELIN décèda le 5 novembre 1812 à Nantes. Son fils Humanité avait alors 18 ans et suivait des études de médecine. Diplôme en poche, il s’installera plus tard à Sucé où il exercera. Il participera à la vie de la commune et sera adjoint du maire Jean-Baptiste Dupont, le promoteur du pont de Sucé, de 1839 à 1857. C’est à cette époque qu’il acceptera de vendre une partie de son terrain pour permettre de créer la future rue de la Mairie.

Notre historien local, l’abbé Grégoire, a bien connu Humanité Yvelin. Il le mentionne dans son livre "histoire de Sucé" : "... Nous l’avons connu cet enfant, devenu grand et officier de santé, au visage rubicond ; c’est lui qui nous arracha notre première dent de lait. Il mourut dans la maison que son père avait fait construire, longtemps appelée de son nom, aujourd’hui (1876) au coin, en saillie, de la rue du Pont (de la Mairie). Ses restes reposent dans notre cimetière...".

Voilà donc ce que nous savons de Humanité Yvelin, "homme de bien, ayant passé 42 ans de sa vie à soulager l’humanité et regretté par sa famille et ses amis", décédé le 4 janvier 1855.

Parmi sa famille il y avait son épouse, Hermine-Anne Yvelin, née Urvoy qui fut inhumée dans le même tombeau que lui. La petite plaque a disparu mais elle avait été photographiée auparavent. Elle mentionne :


photo Marie Blouin

"...décédée le 1er novembre 1880, à l’âge de 77 ans - Ces (sic) principes religieux l’ont aidée à supporter avec résignation l’injustice humaine et les douleurs de la vie. Repose en paix, bonne mère, les enfants garderont toujours son souvenir - Une prière S.V.P. ".

Que faut-il penser de ce texte ? Fait-il allusion à des problèmes familiaux ou politiques ? L’abbé Grégoire ne nous est d’aucun secours pour répondre à cette question.

La plaque funéraire de Humanité Yvelin méritait un autre sort que celui de bloque porte pour la remise du cimetière. L’association Patrimoine et Histoire obtint que les services municipaux la restaurent et l’installent contre le mur du cimetière, à droite en y entrant. L’association y scella également une plaque explicative.

L’inauguration officielle eut lieu le 9 avril 2006 en présence de M. Dominique Melluc, Maire de Sucé, et d’une partie du Conseil municipal.